Un après-midi loin des classes mais riche en enseignement, c’est ce que l’on peut dire d’un atelier dit pédagogique, animé le 24 avril 2024 à Ouagadougou, par le Trésor humain vivant, Konomba Traoré au profit de plusieurs dizaines de collégiens de la capitale. L’histoire du balafon et son usage, les contes, les valeurs culturelles endogènes ou simplement des conseils pratiques pour une meilleure vie en société, les élèves ont eu droit à une journée aussi mémorable qu’enrichissante. L’initiative est du Musée national du Burkina et s’inscrit dans le cadre de la célébration du Mois du patrimoine Burkinabè.
Le temps d’une journée, l’une des salles du Musée nationale du Burkina, a été transformée en celle de cours. Les apprenants ? Une centaine d’élèves du Collège Manegtaaba filles de Saaba. Et leur enseignant du jour ? L’ancien maire de la ville de Ouagadougou et Trésor humain vivant, Konomba Traoré. De l’histoire du balafon et de son usage aux valeurs culturelles endogènes en passant par des contes et des conseils pratiques de bon vivre-ensemble, il faut dire que plusieurs « modules » ont été décortiqués, avec à la clé une séance pratique, pour ce qui concerne le balafon.
C’est avec une attention soutenue que les collégiens ont suivi les enseignements du… professeur Konomba Traoré. En guise d’introduction, l’octogénaire a d’abord entretenu les adolescents sur le patrimoine, cette notion à laquelle les autorités consacrent tout un mois de célébration. Et de définir la culture comme « la carte d’identité des peuples ; ce qui permet aux peuples de se distinguer les uns des autres ». Pour lui, les noms, la gastronomie, la religion, la musique, l’éducation, etc., constituent des éléments culturels. Et le patrimoine, selon monsieur Konomba, représente une « richesse inestimable, un héritage des ancêtres à préserver, à promouvoir et à consommer ».
A la faveur de cette séance pédagogique, Konomba Traoré aura sans doute suscité des vocations à l’image de la sienne, celle d’homme engagé pour la promotion et la sauvegarde de la culture. Le Trésor humain vivant en a eu la preuve rien qu’après avoir fait plonger « ses élèves » dans l’histoire du balafon non sans l’avoir joué en interprétant des chansons classiques, comme Lamôgôya qui magnifie la parenté ou encore Fama Denkè, chanson que la femme de Samory Touré fredonnait pour endormir ses enfants. En effet, c’est avec enthousiasme que la plupart des élèves se sont essayés à cet instrument de musique. Konomba Traoré leur avait expliqué la noblesse du balafon, cet instrument aussi vieux que le Mali ancien du temps des empires et qui a été inscrit sur la liste représentative du patrimoine mondial de l’UNESCO au nom du Burkina.
Kanomba Traoré a vanté les mérites d’un instrument en bois qui produit trois types de notes reliées les unes aux autres (graves, moyennes et fines) et qui symbolise la structure hiérarchique de la société, à savoir les personnes âgées, les adultes et les enfants. Et ce n’est pas tout : « le balafon est l’instrument le plus panafricain parce qu’on en trouve dans plusieurs pays comme en Angola, en Afrique du sud, au Mozambique, en Guinée, au Sénégal, au Burundi, au Cameroun, etc. ».
Comme bien d’autres de ses camarades, Leonel Bandé a été impressionné par l’histoire du balafon et la musique qu’il produit. Cet élève de la classe de 4e, passionné d’instruments de musique, a vu l’opportunité d’ajouter une nouvelle corde à son arc et n’écarte pas l’idée de devenir un jour balafoniste. « Je joue déjà à la guitare solo, la batterie et la flûte mais je ne trouve pas mal d’inscrire le balafon dans mon champ d’apprentissage », confie, en effet, le jeune homme.
En initiant cet atelier, le Musée national marque ainsi la célébration du Mois du patrimoine burkinabè qui, faut-il rappeler, se tient du 18 avril au 18 mai. Le directeur général du Musée national, Sabari Christian Dao, s’est réjoui d’une séance pédagogique qui rappelle aux jeunes la nécessité de se ressourcer auprès des anciens pour pouvoir perpétuer les valeurs ancestrales et les léguer aux futures générations. C’est aussi l’avis du Trésor vivant, Konomba Traoré pour qui sont chères les valeurs et des savoirs endogènes, pourtant en perte de vitesse. En déplorant cette perte de vitesse, Konomba Traoré s’attarde sur le conte qui constitue, selon lui, une véritable école à travers notamment les leçons de morale qui s’en dégagent. Et de proposer, au passage, à instituer le conte dans les écoles primaires, voire secondaires.
Bernard Kaboré