Le Président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré a accordé ce vendredi 26 avril 2024, un entretien à la télévision nationale RTB. Diverses questions liées à la vie de la nation ont été abordées au cours de cette cet échange avec les journalistes.
D’entrée de jeu, évoquant la question de développement dans cet entretien, le Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré a reconnu les efforts faits. Selon lui, beaucoup de choses ont été faites dans les domaines de l’agriculture, de l’eau, de la santé, de l’industrialisation. Pour ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, le Chef de l’État a adressé des félicitations aux travailleurs pour leur accompagnement à l’effort de paix. « Nous avons pris une partie des salaires. Il y a beaucoup de choses en instance. Nous sommes au courant et que chacun prenne patience », leur a-t-il adressé.
Le Capitaine Ibrahim Traoré confie que l’équipement des forces armées nationales va toujours suivre son cours. Il a de nouveau annoncé l’arrivée d’autres équipements de dernière génération, pour renforcer les capacités opérationnelles des unités combattantes sur le terrain, pour anéantir l’ennemi. Son but est d’éradiquer le fléau du terrorisme afin que les générations futures ne connaissent pas cette situation.
Cependant, le Chef de l’État déplore une maladresse qui ne favorise pas une lutte efficace contre les groupes armés terroristes. « Dans l’armée il y a des complicités ; il y a des fuites d’informations. Sans la complicité, c’est difficile que l’ennemi soit renseigné. Même dans nos villes ici, il y en a qui sont là… », a-t-il déploré. Il ajoute par ailleurs que la guerre ne se fait pas dans le laxisme. « Sinon, ça se paye cash. Moi, j’ai été sur le terrain et mes hommes me connaissent. Ils peuvent me trouver dur là-bas, mais au finish, on s’entend. On va combattre et revenir vivants » a-t-il confié.
Avec la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) qui réunit le Burkina Faso, le Mali et le Niger, la lutte contre le terrorisme dans le Sahel a pris un autre tournant selon le Président. « Dans le cadre de l’AES, nos forces combattent aujourd’hui ensemble, surtout dans les zones frontalières, dans le domaine des appuis aériens. En termes de frontières, il n’y a pas de frontière actuellement. L’objectif final, c’est créer dans un futur proche une brigade expéditionnaire pour le compte de l’AES qui pourra faire des manœuvres en toute autonomie partout dans l’espace AES » a laissé entendre le capitaine Ibrahim Traoré au cours de son entretien.
Si d’aucuns au regard de la persistance des attaques terroristes sur le territoire burkinabè estiment qu’il faut négocier avec les groupes armés terroristes, cela est hors de question pour le Président de la transition. « J’ai compris que négocier avec ces gens, c’est négocier les conditions de son esclavage. Nous sommes des Burkinabè et on préfère mourir que de négocier les conditions de notre esclavage … Nous allons combattre » dit-il.
Le chantier de la diplomatie a été également abordé dans cet entretien. Le Président Traoré est revenu sur les relations tumultueuses avec ses voisins, particulièrement la Côte d’Ivoire qu’il accuse d’héberger des opposants à son régime et de n’avoir pas réagi quand des « terroristes » ont franchi la frontière ivoirienne. « Tous les déstabilisateurs du Burkina Faso sont là-bas, ils ne se cachent pas ; les officiers ivoiriens ont mal parlé du Burkina. À un moment donné, il faut arrêter l’hypocrisie, il faut dire la vérité : il y a un problème », a martelé le chef de l’Etat. Etde révéler qu’avec le président ivoirien, le le contact qui existait au départ a fini par être rompu. « Au début, avec le président Alassane Ouattara, on a échangé un peu au téléphone, il m’a envoyé des émissaires, on ne sait pas ce qui s’est passé, mais le contact s’est rompu. Et avec des gens qu’on recherche qui ont commencé à partir là-bas, il n’y a pas eu de coopération », explique le président de la transition. Cependant, l’on se souvient que le 19 avril dernier, les ministres burkinabè et ivoirien de la Défense, le général Kassoum Coulibaly et Téné Birahima Ouattara, se sont rencontrés à la frontière entre les deux pays, souhaitant un « nouveau départ » dans leurs relations.
Sur la situation économique du pays, le Chef de l’État estime qu’il est temps de relancer l’économie. Pour les entreprises et les prestataires de l’État, il annonce que le gouvernement va entamer, dès les jours à venir, l’épurement progressif des dettes intérieures, aux fins de permettre à l’économie de reprendre du souffle. C’est d’ailleurs dans la capitale économique, Bobo-Dioulasso, d’où il séjourne depuis le début de la semaine, qu’il a fait cette promesse.
Synthèse par Jacques Compaoré