Les syndicats du Burkina Faso ont commémoré, ce mardi 1er mai 2024, la Journée internationale du Travail. Regroupés à la Bourse du Travail à Ouagadougou, ils ont organisé un grand meeting au cours duquel ils ont appelé à un rétablissement du dialogue avec le gouvernement, tout en plaidant pour plus de libertés, syndicales et démocratiques notamment.
Les syndicats du Burkina ont, une nouvelle fois, sacrifié à la tradition. A l’image des années précédentes, les différentes structures syndicales regroupées au sein de l’Union d’action syndicale (UAS), ont célébré la fête du travail commémorée chaque 1er-Mai partout dans le monde. A cette occasion, les syndicats, toutes composantes confondues, ont sonné la mobilisation, ce mardi, à la Bourse de Travail de Ouagadougou, où ils ont animé un grand meeting. Au cours de cette activité, ces défenseurs du monde du travail ont donné leur lecture de la situation nationale. Dans leur message, ils ont décrit une situation marquée par «une dégradation de la situation sécuritaire, une remise en cause des libertés, un renchérissement de la vie, une gestion des deniers publics qui font courir le risque de fins de mois sans salaire pour les agents publics de l’Etat…».
Le Secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Burkina (CNT), Marcel Zanté, qui a livré le message de l’UAS, a appelé les différents syndicats à la mobilisation et à la solidarité pour faire face aux nombreux défis qui sont les leurs. Dans cette dynamique, et actualité oblige, ils ont exigé l’annulation du licenciement du Secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGT-B), Moussa Diallo, qui a été licencié le 25 avril dernier, en Conseil des ministres, avec deux autres enseignants chercheurs. Ils ont promis de faire recours à toutes les voies légales pour obtenir l’annulation de cette décision.
Les structures syndicales, par la voix de M. Zanté, ont surtout appelé à un rétablissement du dialogue qu’ils disent rompu avec le gouvernement depuis une certaine période.
Du reste, leur marche prévue au ministère chargé de la Fonction publique, où ils devraient remettre leur plateforme revendicative au ministre de tutelle, n’a pas eu lieu. Elle a été annulée pour cette journée par les responsables syndicaux qui ont expliqué que l’activité a été interdite par les autorités. Marcel Zanté a indiqué qu’ils ont reçu, dans cette matinée du 1er mai, une correspondance du Président de la délégation spéciale (PDS) de la ville de Ouagadougou, leur notifiant l’interdiction de la marche, au motif que le gouvernement a interdit, depuis le 30 septembre 2022, les activités des partis politiques et des Organisations de la société civile (OSC) sur le territoire national.
En interdisant la marche, les autorités auraient proposé en retour, de se rendre à la Bourse du Travail pour recevoir la plateforme revendicative des syndicats. Une proposition rejetée par ces derniers qui estiment qu’elle ne répond pas à leur habitude de faire.
La décision du gouvernement d’interdire la marche ne passe pas du tout au sein des syndicats qui disent ne pas comprendre une telle mesure au moment où ce même gouvernement leur demande de l’accompagner. En plus, l’argument du contexte sécuritaire qui auarait été invoqué par les autorités pour justifier leurs décision, ne convainc pas les syndicats qui le font savoir en ces termes: « C’est pourtantdans ce même contexte, que nous avons marché l’année dernière pour aller remettre notre cahier de doléances. C’est encore dans ce même contexte que beaucoup d’organisations, surtout favorables au pouvoir en place, organisent des manifestations dans la ville de Ouagadougou», a fait remarquer Marcel Zanté de la CNTB. Les responsables syndicaux ont promis de se concerter pour donner une suite à à cette situation.
Dans leur plateforme revendicative qui n’a pas pu être remise au gouvernement mais qui synthétise leurs préoccupations, les structures syndicales ont demandé plus de sécurité des populations et de leurs biens, exigeant notamment le départ de toutes les forces étrangères du Burkina, le respect et l’élargissement des libertés démocratiques et syndicales et la promotion du travail décent. Les syndicats ont aussi demandé le respect de l’indépendance de la Justice, la finalisation et l’adoption du projet de loi portant Code du travail, un assainissement de la gestion des ressources nationales, une garantie du pouvoir d’achat avec une diminution des prix des produits de grande consommation.
S.C