Le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP/NZ) a commémoré, ce vendredi 3 mai 2024, la Journée mondiale de la liberté de la presse autour du thème « Quel rôle du journaliste en situation de guerre? » Ce thème a été développé par trois panélistes qui ont échangé avec le public dans la salle Henri Sebgo du CNP/NZ, à Ouagadougou.
Le panel autour du thème national de la 31e édition de la Journée mondiale de la liberté de la presse a duré pendant plus de deux heures. Il a été animé par trois communicateurs, notamment Serge Atiana Oulon, Directeur de publication du bimensuel L’Evènement, Dr Régis Dimitri Balima, enseignant-chercheur en journalisme à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, et Dr Cyriaque Paré, fondateur du média en ligne LeFaso.net. Le Secrétaire général de l’Association des journalistes burkinabè (AJB), Boukari Ouoba, lui, était le modérateur des débats.
Le DP de L’Evènement, Serge Atiana Oulon, qui a été le premier intervenant au cours du panel, a indiqué que le journaliste, en période de guerre, doit s’atteler à la recherche de la vérité et non faire de la propagande. Pour lui, rechercher la vérité ne fait pas du journaliste un apatride.
Il a, par ailleurs, indiqué que le professionnel de l’information doit avoir une boussole éthique qui le guide dans son travail.
M. Oulon a notamment rappelé que la liberté de la presse n’est pas un privilège mais un droit du journaliste, indiquant que la lutte contre le terrorisme n’est pas antinomique de cette liberté.
Le journaliste écrivain a aussi noté qu’en période de guerre, le journaliste est exposé à d’énormes risques et a ainsi invité les hommes de médias à ne pas s’exposer inutilement. Du reste, il a assuré que la meilleure protection pour un journaliste, c’est son professionnalisme dans son travail.
Dr Régis Dimitri Balima, dans son intervention, a relevé qu’en période de conflit, le besoin d’informations est plus élevé et les journalistes plus sollicités. Il a rappelé quelques rôles de l’homme de médias en situation de guerre.
Ainsi, l’enseignant-chercheur a indiqué qu’il est attendu du journaliste d’être un médiateur objectif. Il reconnaît toutefois que ce rôle est difficile à assumer car, en période de guerre, l’information est censurée par les autorités.
Comme autre rôle du journaliste, Dr Balima a également noté qu’il est attendu de ce dernier d’être témoin objectif. Pour cela, le journaliste doit appliquer la distanciation critique qui lui demande de se méfier de tous les protagonistes qui peuvent tous le manipuler.
Le journaliste en temps de guerre doit, selon M. Balima, œuvrer pour la paix. Mais pour l’enseignant-chercheur, l’homme de presse est appelé à assumer pleinement, même en temps de conflit,sa responsabilité sociale, en dénonçant notamment les dérives des autorités.
Le dernier intervenant, Dr Cyriaque Paré, est, quant à lui, revenu sur les conditions d’exercice du journalisme au Burkina Faso. « On assiste, depuis quelques années, à un durcissement du cadre d’exercice du métier dans notre pays », a-t-il relevé.
Il a notamment parlé de « journalisme téléphoné » qui est, selon lui, une nouvelle pratique journalistique en cours au Burkina Faso. Cette pratique qu’il juge totalement contraire aux normes du métier, réduit les rédactions à exploiter les comptes-rendus des services de communication des institutions envoyés dans les groupes WhatsApp. Le journaliste, déplore M. Paré, est ainsi débarqué du processus de collecte et d’exploitation de l’information.
Ce spécialiste du web a rappelé qu’en période de guerre, il y a beaucoup de propagande. S’il assure ne pas être contre le fait que les pouvoirs publics fassent cette propagande, il dit regretter, par contre, la façon dont les médias se laissent embarquer dans ce train au Burkina Faso.
Pour lui, les médias ne peuvent pas être réduits à être des relais de ce que fait le pouvoir. « Même en période de guerre, les gouvernants peuvent se tromper, et les médias sont là pour le leur rappeler, et les aider à corriger ces erreurs », a déclaré Cyriaque Paré. Il a affirmé que les premiers responsables dans notre pays, ne comprennent pas, malheureusement, le fonctionnement des médias. Ainsi, il a préconisé une éducation des publics, y compris les dirigeants, aux médias.
S.C